À la une du Ville-d’Avray Info de novembre, Denis Badré laisse la place à son estimé prédécesseur de 1963 à 1983, le Docteur Jean Bazzennerye, en reproduisant un éditorial de ce dernier, daté de mai 1964, intitulé « Fièvre de croissance », et souligne, avec ce goût de la provocation moralisatrice que nous connaissons bien,  combien ce texte reste d’actualité.

« le village devient une ville résidentielle », à ceux qui sont « troublés dans une quiétude qu’ils espéraient durable », « il faut bien dire que le passé n’est plus », que l’ « on peut s’opposer à l’implantation de constructions nouvelles », mais qu’il s’agit de tirer «les conséquences inévitables d’une expansion démographique évidente » en prenant soin « de garder à notre commune bouleversée ce qui peut lui rester encore de son charme, dans le cadre d’une esthétique nouvelle ». « Devant cette fièvre de croissance, il faut éviter les querelles stériles, les regrets inutiles ou les querelles de clocher ».

Il n’est jamais convenable de convoquer les disparus pour plaider sa propre cause ou s’autocélébrer. Mais c’est surtout un exercice à hauts risques.

La France de 1964 n’était pas celle de 2015 : elle devait faire face à une crise du logement qui sévissait depuis la Seconde Guerre mondiale, à la nécessité d’éradiquer les taudis urbains et les bidonvilles, au baby-boom de 1948, à l’accélération de l’exode rural et à l’arrivée des rapatriés d’Algérie.

Comment Denis Badré peut-il justifier sa politique de densification urbaine en évoquant l’expansion de la population dans les années soixante, lui qui déplore volontiers la stagnation démographique d’aujourd’hui et le prétendu vieillissement de notre cité ?

Comment Denis Badré peut-il ignorer les erreurs que la pression de l’urgence et l’absence de préoccupation environnementale et écologique ont alors fait commettre : pendant vingt ans, la politique des barres et des grands ensembles, à laquelle la circulaire Guichard de 1973 mettra brutalement fin pour faire place au rêve pavillonnaire ?

Comment Denis Badré peut-il ignorer que le maire de 1964 ne disposait pas, en matière d’urbanisme, des outils réglementaires et législatifs du maire de 2015 auquel en 1983, les lois de décentralisation ont donné tout pouvoir en matière de permis de construire, le pouvoir de l’État se réduisant désormais à un simple contrôle de légalité ?

Comment Denis Badré peut-il passer sous silence que le Plan Local d’Urbanisme qu’il a conçu et fait voter en décembre 2013 a ignoré l’esprit des lieux et posé des gabarits : hauteur, retrait sur voie et emprise au sol trop permissifs, ouvrant ainsi la commune à la spéculation foncière, à un bétonnage spectaculaire, aux contestations judiciaires et au trouble d’électrices et d’électeurs qui ne lui ont pas confié un blanc-seing mais un mandat, et certes pas un mandat pour faire cette politique là !

D’ici la fin de l’année, notre maire a la possibilité de mettre en chantier une révision du PLU pour le rendre plus raisonnable, plus protecteur, plus conforme à l’idée que les Dagovéraniennes et les Dagoveraniens se font de leur commune. Nos associations sont prêtes à y contribuer en apportant des compétences qui ne sont pas moindres que les siennes et en y travaillant dans l’esprit d’une concertation  apaisée mais réelle.