Nombreux sont ceux d’entre nous qui sont venus à Ville-d’Avray pour le cadre de vie, auquel Fausses-Reposes participe grandement.
Nombreux sont également ceux qui s’interrogent, voire sont choqués par les pratiques de gestion de l’ONF, le succès des pétitions en atteste.
Devant la persistance de la grogne, l’ONF a lancé une « concertation » (énième tentative d’apaisement) qui a duré 8 mois, réunissant tous les acteurs de la forêt, y compris les associations, dont DAGOVERANA.
A ce stade une clarification s’impose :
1. ONF, le discours : analyse et déconstruction, car l’ONF (et le ministère de l’agriculture dont il dépend principalement) n’est pas en reste en matière de communication.
Les termes qui suivent entre parenthèses sont ou des reprises mot pour mot, ou des raccourcis sans distorsion de la parole ONF.
- « Nous travaillons pour la forêt« . Le pêcheur dit-il « travailler pour la mer » ? Pourtant la logique est la même : l’ONF exploite les ressources forestières comme le pêcheur exploite les ressources halieutiques. L’ONF ne travaille pas pour la forêt, il travaille pour lui ;
- « Notre sylviculture est durable« . Comme est durable la pêche du marin responsable. Or il y a bien d’autres manières de pratiquer une gestion durable, sans que cela soit une sylviculture (culture d’arbres). Même : il est bien établi que sans sylviculture les forêts se portent mieux (exemple parmi d’autres : la forêt de Białowieża, comparaison entre ses parties exploitées et non exploitées) ;
- « Les jeunes arbres séquestrent plus de carbone« . Vrai à leur échelle, faux à l’échelle d’un gros vieil arbre. Scientifiquement documenté ;
- « Le bois d’œuvre (menuiserie, ameublement, tonnellerie, emballage, charpente…) est une bonne ressource car il stocke le carbone« . Fausses-Reposes étant majoritairement constituée de châtaigniers peu recherchés en bois d’œuvre, les bois récoltés chez nous finissent souvent en bois de chauffe, libérant le carbone. Quant à nos chênes, une fois coupés leurs racines libèrent du carbone et une fois transformés en bois d’œuvre, ils stockent toujours moins de carbone qu’avant coupe et ce, pendant des décennies. Scientifiquement documenté ;
- « Toutes les forêts doivent participer à l’effort de production de bois au titre de l’équilibre des fonctions« . Non ! :
· Certes, le code forestier dicte la « multifonctionnalité », reposant sur 3 piliers « équilibrés » : la production de bois, l’accueil du public et la préservation de la biodiversité.
· Mais : le code forestier (article 212-2) dicte pour Fausses-Reposes (forêt soumise à forte fréquentation) une multifonctionnalité déséquilibrée au profit du cadre de vie :

Aussi : cet article du code ne réduit pas le cadre de vie à la fonction « accueil » (avec des aménagements type parkings, bancs, etc.) qui est l’interprétation trop fréquente et facile de l’ONF, éludant ainsi la question du bien-être des populations qui viennent en forêt pour être en « pleine nature », cf. étude VIAVOICE/ONF :

Par ailleurs, le code forestier ne dit pas combien d’arbres il faut « sortir » annuellement de Fausses-Reposes (l’ONF en convient). Or l’ONF nous promet une augmentation des prélèvements ! (avec à l’appui, des arguments qui relèvent principalement de la sylviculture)
· L’effort de production de bois pour toutes les petites forêts urbaines franciliennes ne répond à aucune nécessité économique, leur contribution étant totalement négligeable : moins de 0,05% de la production de bois de la France métropolitaine (et 2,9% de la production de bois de l’Île-de-France). La soi-disant nécessaire participation à l’effort de production des petites forêts urbaines franciliennes n’est qu’un postulat, d’autant que l’exploitation de ces forêts n’est pas rentable : chaque année qui passe à les exploiter creuse le déficit de l’ONF au niveau national.
· A titre de repère, la valeur annuelle de Fausses-Reposes pour les services non productifs (hors bois) s’élève à environ 1,5 millions d’euros / an, pour un chiffre d’affaires environ 10 fois moindre.
· D’autres exemples en France démontrent que toutes les forêts ne doivent pas participer à l’effort de production de bois: les bois de Boulogne et de Vincennes (chacun plus grands que Fausses-Reposes), la forêt du Neuhof [67] Massif forestier de Strasbourg-Neuhof/Illkirch-Graffenstaden | DREAL Grand Est (developpement-durable.gouv.fr), la forêt de l’Oedenwald https://www.rue89strasbourg.com/parcelles-strasbourg-foret-libre-evolution-360848, la forêt départementale de la Corbière https://www.ille-et-vilaine.fr/sites/iev/files/rapports/Deliberation_2024_49788_signe.pdf… Autant de preuves que, même en présence d’une fréquentation faible au regard de celle de Fausses-Reposes, des mesures fortes peuvent être adoptées lorsque l’ONF n’est que gestionnaire et où la libre évolution (contrôlée) a été décidée par d’autres, qui affichent une vraie volonté politique.
· La forêt n’a pas de frontières, mais son mode de gestion si, manifestement ! Ce que l’ONF nous présente comme intangible ne l’est pas, d’autres exemples en Allemagne et en Suisse nous le démontrent.
- « Une forêt laissée en libre évolution (sous statut de « réserve biologique intégrale » ou pas) ne peut être ouverte au public ». Faux : outre que le code forestier le permet, l’exemple de la forêt de la Corbière (même surface que Fausses-Reposes), entièrement placée « hors sylviculture », ne prévoit pas la fermeture des sentiers de promenade existants. Information vérifiée auprès des services concernés.
- « Il serait inapproprié de faire de Fausses-Reposes un parc urbain ». Inapproprié surtout pour l’ONF, car comme dans les 8 petits parcs forestiers (aménagés) que compte déjà Fausses-Reposes, la sylviculture est proscrite ! Pour les usagers il ne s’agit nullement de faire de Fausses-Reposes un parc urbain à l’image des bois de Boulogne et de Vincennes, peu naturels, mais la question d’un parc forestier à forte naturalité (donc pas plus aménagé qu’aujourd’hui) mérite d’être creusée !
- « A Fausses-Reposes avec prochainement 5 arbres-habitat/arbres-bio à l’hectare, notre sylviculture est respectueuse de la biodiversité ». Faux : en se permettant sur l’ensemble du massif la coupe de chênes sains de plus de 200 ans l’impact sur la biodiversité est indiscutablement plus fort que la préservation de 5 arbres « habitat » à l’hectare, cela même alors que la biodiversité des petites forêts urbaines est faible et demande à être restaurée. Voir aussi cette vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=w9kvK85ER5A
2. DAGOVERANA
- Nos actions :
Depuis 2020 nous n’avons cessé d’œuvrer :
· Rencontres avec les directeurs successifs de l’agence ONF Île-de-France Ouest ;
· Rencontres avec la directrice territoriale ONF ;
· Rencontre avec le Département ;
· Rencontres avec la Région ;
· Constitution en « collectif » pour mieux défendre Fausses-Reposes : https://www.fausses-reposes.fr/?PagePrincipale ;
· Etc. (voir le site du collectif).
- Notre position : des amalgames étant faits régulièrement (y compris dans la presse), nous clarifions :
· Nous ne sommes pas du tout convaincus qu’il faille en passer par un statut particulier pour les forêts péri-urbaines, même urbaines d’Île-de-France. En effet un tel statut, de surcroît inédit :
o n’est pas du ressort de l’ONF qui, trop heureux de botter en touche, continuerait son exploitation jusqu’à ce que cet hypothétique statut advienne ;
o nécessiterait une loi, seule capable de remettre en cause les fondamentaux et stopper l’exploitation à finalité commerciale. Mais délai d’adoption long, même à supposer qu’il y ait une réelle volonté politique en ce sens, à fortiori pour « traduire » la loi en décret d’application. Or les signaux sont faibles.
o présente un maigre intérêt si l’on considère que le code forestier actuel permet déjà une gestion différente, avec une exploitation très marginale. Ce qui est d’ailleurs – et très logiquement – reconnu par l’ONF. Donc l’ONF dispose aujourd’hui des outils réglementaires pour faire différemment, mais il ne s’en saisit pas. S’adresser à l’ONF est donc une perte de temps.
· Nous sommes partisans de classer toute la forêt en parc forestier à forte naturalité (sans aménagements supplémentaires). Ce serait plus rapide à mettre en place qu’une réserve biologique intégrale, tout en ne l’interdisant pas en son sein, dans les parties les plus reculées. Au moins la volonté politique serait-t-elle rapidement testée, ce qui est l’essentiel.
· A l’inverse de quelques rares associations, nous refusons de servir de caution à l’ONF en nous satisfaisant de mesurettes et en continuant à nous prêter au jeu de la collaboration. Devant l’échec de la concertation, nous avons décidé de ne pas participer aux ateliers de travail que l’ONF proposait encore en guise de « suite de la concertation » (voir communiqué de presse en pièce jointe). En effet, les ateliers faisaient l’impasse sur les vrais sujets, seules les miettes pouvant être discutées (et encore : charge à nous de trouver les financements pour la mise en œuvre des idées !).
3. NOS ÉLUS :
- Élus locaux : en 2024 ils ont exprimé un « vœu », dont Ville-d’Avray n’a pas été à l’initiative :

Ce vœu appelle quelques remarques, nous reprenons ses termes vers la fin :
· Il mélange les notions importantes de forêts « urbaines » et de forêts « périurbaines » (« reconnaître les spécificités des forêts péri-urbaines« ). Les forêts urbaines sont celle en rouge, les péri-urbaines en orange :

On ne peut défendre bien que ce qu’on nomme correctement. Les spécificités d’une forêt urbaine « confetti » comme Fausses-Reposes n’ont pas grand-chose à voir avec les spécificités de Fontainebleau péri-urbaine, 33 fois plus vaste et 5 fois moins fréquentée à l’hectare. Les forêts urbaines sont d’abord des forêts d’agrément, à fortiori les plus petites d’entre elles.
· « Face à certaines incompréhensions du public » (…) « médiation entre usagers et l’ONF » : franchement, l’heure n’est plus à la pédagogie vers laquelle l’ONF n’a de cesse de vouloir nous orienter pour nous « acculturer » à sa sylviculture… et nous détourner des vrais sujets. Le public est suffisamment adulte pour dire que le résultat de cette sylviculture ne lui convient pas, c’est à l’ONF de s’adapter.
· Une « nouvelle gouvernance plus collaborative » : à quoi bon si les questions de fond sont exclues, ce qui est bien le cas ! Les mairies qui se contentent de donner tribune à l’ONF et s’inscrivent à des ateliers « Communication et sensibilisation » ne font que déployer la « comm » ONF, se mettant à son service sans recul ni exigence. C’est notamment le cas de Ville-d’Avray. Si la « nouvelle gouvernance » ne devait servir qu’à cela, était-ce bien utile de formuler un « vœu » ? Simple gesticulation politique ?
Conclusion : l’affirmation « la politique forestière est au cœur des
préoccupations (…) des élus locaux » (début du vœu) ne repose sur rien.
- GPSO : DAGOVERANA n’a jamais pu rencontrer directement la personne en charge, et s’est épuisé en relances.
- Le département n’affiche pas davantage de volonté ;
- La région en revanche se montre plus réceptive. Simple posture ? A titre de repère, les coûts de gestion cumulés de Fausses-Reposes et des forêts sœurs de Verrières, La Malmaison et Meudon représentent environ 4,3% du budget annuel de l’Agence régionale des espaces verts, et 0,57% du Fonds Bois alloué par la Région pour développer… l’exploitation ! A suivre…
